Pourquoi nous ne présentons pas de listes aux élections cantonales
La crise qui nous frappe depuis près d'un an a mis en lumière les failles béantes de notre système et prouve s'il en était encore besoin l'urgence et la nécessité d'une régénération profonde de nos institutions. Et alors même que notre modèle de santé est à genoux, que le marché de l'emploi s'effondre et que la pauvreté explose, alors même que le dérèglement climatique est à son paroxysme, et que cependant de plus en plus de citoyens se désengagent du processus démocratique, les autorités cantonales ne cessent de se féliciter à tout propos, elles se flattent et se flagornent entre elles, sourdes aux alarmes du monde.
Cette situation exceptionnelle aurait dû être l'occasion d'un grand débat sur les transformations radicales dont notre État a besoin pour accomplir sa mission de justice sociale, de paix et de prospérité. À notre échelle, nous nous sommes battus pour mettre en avant de nouveaux modèles de gouvernance communale, et proposer une alternative au développement absurde qui a vu le nombre de logements vides augmenter de 3% en un an, pendant que le Conseil communal de Martigny ne trouvait rien de mieux à faire que de chercher à mettre à la rue les cinquante habitants de notre camping. Notre discours n'a pas intéressé la presse, qui après un été à se cacher derrière le coronavirus a bizarrement sauté sur la deuxième vague pour commencer d'organiser des rencontres en tête à tête entre des candidats aux diverses présidences… personnaliser, parler des gens, et surtout pas des actions à mener.
Et à présent que les élections cantonales approchent déjà de même il n'est question que de personnes, et que du Conseil d'État, déjà il n'est question que de sujets vagues, d'image et de politicaillerie. Nous faisons le pari que la campagne qui s'annonce ne sera pas différente, et que loin d'éclairer l'avenir elle ne saura que le renfoncer dans les pratiques du passé, et les évidences de ce régime finissant qui n'en finit pas de finir : nous ne participerons pas à cette comédie ; nous renonçons à présenter des listes, et laissons aux vieux partis le soin de la République encore quatre ans, pour concentrer tous nos efforts dès aujourd'hui sur l'élaboration d'un programme régénérateur dont l'application demain nous sortira de l'impasse où nous ont conduits l'intérêt, la paresse et la corruption des dirigeants d'hier.
Aussi, encore une fois, nous lançons un appel à nos compatriotes qui imaginent, voient, rêvent une société plus juste, et nous consulterons les collectifs, les groupes, les associations qui depuis longtemps militent et luttent à la faveur du monde qui vient. Au milieu de ce chaos il reste de l'espoir, et nous nous donnons pour mission d'œuvrer à sa préservation, au développement de ses expressions et, le moment venu, à son triomphe.